Bed and Philo entre dans sa treizième année …
Il y a 12 ans, c’était en 2009, j’arrivais du monde du prêt à porter femme et enfant, dans lequel j’avais passé les 20 premières années de ma carrière.
Quelques années avant cette date qui a changé radicalement mon parcours professionnel, J’emménage en 2002 avec ma petite famille dans le Tarn.
Je tombe sous le charme d’une maison de village de 1903 élégante et cossue que j’occupe toujours aujourd’hui. Elle m’a immédiatement parlé.
C’était un beau projet, je venais de trouver du travail chez un jeanneur à Albi, Maico mon compagnon m’a rejoint dans l’été avec les filles.
Une nouvelle vie s’offre à nous … mais je ressens tous les jours un peu plus que ma vie professionnelle va m’amener ailleurs.
Le manque d’envergure des entreprises pour qui je travaille m’ennuie et je me pose mille questions sur ce que je veux faire vraiment.
Déjà à cette époque Le monde de la mode a bien changé, les distributeurs ont pris le pouvoir, les multimarques ferment les uns après les autres.
Les marques moyenne gamme s’éteignent peu à peu, le digital a pris une place considérable dans la distribution et la communication. Et moi je ne souhaite pas intégrer un grand groupe.
Je n’envisage pas que mon travail de créativité se résume à la fonction d’acheteuse entre 2 avions, tiraillée en permanence sans jamais poser vraiment mes valises, entre la Turquie, l’inde ou la chine.
Je sens que le linge de maison est en train de bouger, quelques marques très peu connues se partagent ce nouveau marché de la déco et du lin lavé.
J’ai toujours aimé l’univers de la maison et il n’était pas rare pour moi de changer la couleur des rideaux et des housses de canapé en fonction des saisons ou d’un simple rayon de soleil éclairant le salon.
Tout était prétexte à coudre, à bricoler, à peindre, à remuer les meubles de place pour recréer une atmosphère un peu différente à chaque fois.
L’idée de créer ma ligne de draps commençait à germer dans ma tête, et finalement l’enjeu n’était pas si gros …
Pourquoi ne pas commencer par mettre au point quelques couleurs ?
Un joli week-end de printemps ou Maico avait décidé d’aller faire une rando VTT dans le sud marocain, j’avais le choix entre le cafard d’être seule avec mes filles et les premières teintures dans ma machine.
J’ai bien sur choisi les teintures, à la fin du week-end, quelques rideaux flottaient au vent dans le jardin, le Bleu d’Ella et l’Orage étaient nés.
Et surtout une conviction intime que quelque chose de beau allait voir le jour …
Commence à ce moment-là une recherche de teinturiers bio, des fabricants, des tissages de lin, une errance presque aveugle pour m’aider à chercher les clefs d’un monde inconnu mais ô combien excitant …
Quelques semaines plus tard Une amie Helene passe par là et me dit :
« Quoi !!? tu as mis tout ça comme argent pour avoir juste cette pile de drap ? »
Ce qu’elle ignorait c’est que ces économies transformées en linge qui rentrait dans une petite valise allait me permettre de sillonner Paris et trouver très vite ma première cliente, Laurence, fondatrice de Serendipity La boutique la plus influente de Paris de l’époque.
Le nom Bed and Philosophy est arrivé d’un Brain storming avec Cécile, le logo a été dessiné par Coco, et le coussin rond est né dans la voiture lorsque j’étais avec Catherine.
Et c’est Lors d’un voyage aux états unis avec Catherine également, que les noms des premières références ont été trouvés.
Dans le métro new yorkais nous baptisons chaque taie d’oreiller correspondant à une station de métro.
Les grandes lignes de Bed ont été tracées comme cela, dans une stratégie intuitive et simple.
J’ai été seule pendant 5 ans, seule à l’opérationnel bien sûr mais seule surtout sans aucune aide financière.
Sans me soutenir véritablement, Mon homme cependant m’aidait d’une façon précieuse à la facturation et à l’administratif.
J’ai vécu mon entreprise avec la foi, le bon sens, la prudence, la créativité, l’audace et sans doute une grande part de naïveté et de candeur qui m’a sauvée de l’inertie.
En prenant soin d’écouter chaque bon conseil précieux riches en expérience, je déroulais l’histoire.